Num\Spécial! CENLIBART: Rapport d’expertise independante (01.07.2016)
26 JUIN – LA JOURNÉE INTERNATIONALE POUR
LE SOUTIEN AUX VICTIMES DE LA TORTURE
Centre pour le soutien à la liberté d’art et d’expression dans les dictatures
Tel: +33980552958
+33782707572
Email: azerbaycan2012saati@gmail.com
RAPPORT D’EXPERTISE INDEPENDANTE
Le 26 juin 2016, sont étudiées 20 photographies et deux vidéos du cadavre de sexe masculin, au physique centrasiatique, présentées par Nadejda Atayeva, présidente de l’association française «Droits l’Homme en Asie Centrale» (AHRCA) sur la procuration de la mère d’Ikhlom Ibodov, citoyenne ouzbèke Khursand Radjabova.
Je suis prévenue des risques encourus pour la délivrance d’un faux rapport.
EXPERT: Je, soussignée Ahmedbekova Nigar Raouf kyzy, née en 1975, diplômée de la faculté de médecine de l’Université national d’Azerbaïdjan en 1998. Durée d’expérience professionnelle: de 1998 à 2011. Dernier poste de travail occupé : médecin, chef de service médical du Ministère de l’Intérieur d’Azerbaïdjan.
Depuis 2010, je suis médecin-consultant de la revue «Zerkalo» («Miroir», Azerbaïdjan).
Depuis 2014, je suis expert médical de l’organisation pour les droits de l’Homme «Centre pour le soutien à la liberté d’art et d’expression dans les dictatures Cenlibart» (France) et je remplis régulièrement les fonctions de médecin expert.
RENSEIGNEMENTS SUR LE DECEDE:
Ikhlom Ibodov est né le 16 juin 1972 à Boukhara en Ouzbékistan et mort le 13 août 2015 dans le centre de détention du Service de sécurité nationale de la République d’Ouzbékistan.
QUESTIONS ETUDIEES:
- Déterminer à partir des photographiques quels dommages corporels sont visibles sur le cadavre, de quelle manière ces dommages ont été causés, quels sont leur localisation et l’état de gravité?
- Observe-t-on des impacts sur le corps caractéristiques des violences physiques qui auraient altérée la santé du décédé et entraîné sa mort?
ETUDE DES PHOTOGRAPHIES:
Etude externe:
Sur les photographies, on voit le cadavre d’un homme jeune d’environ 40-45 ans, de constitution moyenne, ayant bénéficié d’une alimentation suffisante. Il est impossible d’évaluer la taille du cadavre car l’étude est réalisée à partir de photographies. Mais le corps semble être de taille moyenne. Le cadavre est disposé sur un tissu de couleur verte posée sur une surface en polyéthylène étendue sur le sol. Sur le corps on aperçoit des lividités cadavériques sur le fond desquelles on voit clairement des hématomes de diverses intensités et des dommages de l’épiderme plus importantes tels que les ulcères sur la peau.
Photographie N°1
Sur la photographie N°1, on observe le pied gauche dont on voit les 1er, 2nd et 3ème orteils. A la racine de l’ongle du gros orteil on aperçoit un hématome, causé probablement par des coups portés par un objet obtus.
Photographie N°2
Sur la photographie N°2, on observe le pied droit ; sur le talon droit on voit clairement un hématome causé probablement par des coups portés par un objet obtus.
Photographies N°3, 4, 5, 6, et 7
Sur des deux chevilles, sur la partie supérieure externe de la cheville on constate la présence évidente des ulcères. Ces ulcères sont recouverts d’un colorant à base d’aniline d’un vert de méthylène. Ces ulcères pouvaient être causés par une immobilisation de la personne au niveau de ces zones. On peut même affirmer que cette zone avait été garrottée par des menottes ou une corde. Les ulcères sont constatés uniquement sur la partie supérieure. Ce fait permet de supposer qu’en cet endroit se trouvait le cadenas d’une chaîne en fer ou le nœud d’une corde. Sur la partie inférieure de la cheville on aperçoit clairement des marques correspondant à la largeur des chaînes ou à l’épaisseur d’une corde scellant les pieds.
Photographies N°8, 10, 12, 13, 14, 15, 16, 17 et 18
Sur la partie supérieure de l’abdomen, plus précisément sur la ligne blanche, une ouverture cœlioscopie avait été réalisée suivie d’une suture, caractéristiques des opérations d’analyse des organes internes lors de l’expertise médicale judiciaire. Sur la peau, au niveau du foie, un hématome étendu de couleur bleue foncée est visible. Il se distingue clairement des lividités cadavériques qui ont la particularité de s’étendre de manière plus équitable et homogène. Il pourrait avoir été provoqué par un coup porté sur cette zone avec un objet obtus.
Photographie N°9
Sur cette photographie nous voyons distinctement l’épaule gauche photographiée en gros plan. Des hématomes de couleur bleue foncée, étendus sur toute la surface de la peau de la partie extérieure de l’épaule, attirent immédiatement l’attention. Ces hématomes ont pu être causés par des coups portés par un objet obtus.
Photographie N°11
Sur cette photographie on voit le profil droit du visage. Des fils dépassant de la partie droite de la zone pariétale recouverte de cheveux sont clairement visibles. Il n’est pas possible de répondre avec assurance à la question suivante : cette suture est-elle réalisée après la trépanation du cerveau réalisée par l’anatomopathologiste dans le cadre de l’analyse du cerveau pour le rapport d’expertise médicale judiciaire, ou alors est-elle due à l’impact d’un objet obtus que le même anatomopathologiste avait dû suturer pour éviter l’écoulement du liquide du cerveau.
Vidéo
Sur la vidéo on découvre l’intégralité du tableau représenté dans les photographies. En complément des photographies, on pouvait également mieux observer la partie arrière du torse et la partie occipitale du crane. Sur la partie arrière du torse, sur la portion de la peau située au niveau du rein droit, on voit un hématome étendu témoignant des impacts répétés et mécaniques sur cette zone portés par un objet obtus. On aperçoit également des hématomes sur les deux fesses et sur la surface arrière de l’épaule gauche. Tous ces hématomes se distinguent des lividités cadavériques qui ont la particularité de s’étendre de manière plus équitable et homogène.
DIAGNOSTIC MEDICAL JUDICIAIRE:
De nombreux hématomes constatés sur le corps du cadavre ont été causés par un impact mécanique d’un objet obtus et par l’oppression des parties du corps avec une corde ou une chaîne.
CONCLUSIONS:
Je ne suis pas en mesure d’affirmer que le décès soit survenu à la suite d’un infarctus du cœur ou de cerveau, tout comme je ne peux affirmer que le décès soit survenu à cause d’un choc douloureux provoqué par les impacts d’un objet obtus sur les différentes parties du corps, car je n’ai pas réalisé l’autopsie ni les analyses des organes internes immédiatement à la suite du décès. En tant que médecin, je considère que la cause du décès n’a pas une importance aussi grande que les facteurs qui ont mené à ce décès. Je constate des preuves évidentes de violences physiques qui ont été infligées au décédé peu de temps avec sa mort à l’aide d’objets obtus au niveau des différentes parties du corps et qui ont entraîné l’apparition de nombreux hématomes et ulcères relevant de dommages considérables de l’épiderme. On peut supposer que sous ces portions de peau, les organes internes ont été endommagés ce qui a pu sans doute entraîner la destruction organique profonde des organes et le décès qui s’en est suivi.
Annexes:
- La copie du passeport du décédé Ikhlom Ibodov.
- La copie de l’acte de décès d’Ikhlom Ibodov
- La procuration de Khursand Radjabova, la mère d’Ikhlom Ibodov, accordant le droit à Nadejda Atayeva de représenter ses intérêts.
- Les diplômes attestant de la formation de l’expert.
01/07/2016
Nigar Ahmedbekova
+359876438099
ahmedbekov@gmail.com
Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.
Laisser un commentaire