Le Parquet de Berlin a rejeté la plainte de Nadejda Ataeva contre C-1

Le procureur de Berlin n’a pas trouvé de raison à l’ouverture d’un procès contre les employés de C-1 suite à la plainte déposée par la présidente de l’association «Droits de l’homme en Asie Centrale».  

Nadejda Ataeva, présidente de l’association «Droits de l’homme en Asie Centrale» a reçu le rejet du parquet de Berlin de sa plainte contre les représentants de l’organisation «Central Asia Media e.V» qui dirigent le site d’information C-1.

Résidant en France, Ataeva a porté sa plainte en juillet 2018 au Parquet de Berlin en réclamant d’intenter un procès contre la présidente du conseil de la direction de l’organisation «Central Asia Media e.V» basée en Allemagne, Tatiana Gourevitch, contre la rédactrice en chef de la C-1 Galima Boukharbayeva et la comptable Annetta Viden.

Ataeva les accuse toutes les trois de la diffusion des informations diffamatoires et insultantes concernant son organisation et sa personne.  

Son mécontentement a été provoqué par l’enquête journalistique de la C-1 dévoilant en août 2017 qu’Ataeva avait falsifié les preuves relatives au massacre d’Andijan du 13 mai 2005.

En 2010, elle a présenté au Parlement européen à Bruxelles le film «Histoires d’Andijan» dans lequel un professeur de Kokand Oumidjon Abdounazarov était présenté comme un anatomopathologiste, arrêté après les événements d’Andijan, puis forcé de travailler dans une morgue où il était contraint pendant six mois d’examiner les centaines de victimes des exécutions sommaires, y compris les femmes et les enfants.   

En 2011, sur la base de cette histoire inventée Ataeva présente un rapport et recommande Abdounazarov afin qu’il obtienne son statut de réfugié politique en France.

En réponse à ces révélations de C-1, en décembre 2017, l’avocat allemand d’Ataeva a envoyé au «Central Asia Media e.V» un courrier réclamant la suppression du site C-1 de ces documents diffamatoires pour sa cliente et le paiement d’un dédommagement à hauteur de 20000 euros.   

«Central Asia Media e.V» a réagi par un courrier soulevant les différentes fautes dans la traduction en allemand des textes de C-1, la déformation du sens des phrases et l’extraction d’autres phrases hors du contexte général. Mais le plus important, l’organisation a souligné l’absence des textes tels qu’ils étaient publiés dans leur intégralité.

Finalement, il était demandé à l’avocat de présenter les textes complets de C-1 accompagnés de leur traduction en allemand réalisé par un bureau de traduction indépendant.

Aucune réponse n’a suivi. En revanche, au lieu de passer par le tribunal, Ataeva et son avocat se sont directement adressés au Parquet.

Le Parquet de Berlin a examiné la plainte d’Ataeva et de son avocat et a très vite retiré de la liste des accusés la comptable de «Central Asia Media e.V» Annetta Viden.  

Cette femme allemande, native de Berlin, n’a eu aucun rapport avec les articles de C-1 ainsi qu’avec ceux publiés sur le site de l’organisation antérieur Uznews.net. De plus, elle ne parle, ni ne lit, ni écrit le russe.  

Durant l’examen, le parquet allemand est arrivé à la conclusion qu’il n’y a aucune raison d’accuser Tatiana Gourevitch et Galima Boukharbayeva.

«J’ai arrêté l’examen préliminaire conformément à l’article 170 du Code pénal d’Allemagne car l’enquête menée ne donne aucune raison de soupçonner les accusés», a répondu le procureur du parquet de Berlin à l’avocat d’Ataeva.

Il se trouve que l’avocat d’Ataeva a de nouveau porté plainte dans laquelle les articles complets étaient toujours absents : une plainte fondée seulement sur quelques citations extraites du contexte général du propos.

«Sur la base des extraits présentés ici, il est impossible de déterminer dans quel contexte étaient publiées ces déclarations insultantes, selon votre cliente», écrit le procureur.

Ensuite, il explique que la «diffamation, c’est lorsque quelqu’un affirme ou diffuse des faits mensongers concernant autrui, tout en ayant conscient que ces faits ne correspondent pas à la réalité».

Par ailleurs, un autre type de diffamation existe, c’est lorsque quelqu’un affirme quelque chose qu’il ne peut prouver.

Concernant la plainte de l’avocat d’Ataeva, comme l’a affirmé le Parquet de Berlin, «dans cette affaire, le degré de non correspondance entre les faits présentés par les accusés et la réalité n’a pu être déterminé». 

Compte tenu de la forme dans laquelle est présentée la plainte d’Ataeva,  le procureur de Berlin a même supposé que les phrases soi-disant diffamatoires et insultantes étaient publiées sur le forum qui est mis à disposition des utilisateurs par le site C-1. 

«Il est peu probable que les accusées soient responsables en tant qu’opérateurs du forum des messages publiés par des utilisateurs du forum.»

«En conclusion, les déclarations que vous récusez n’entraînent pas de responsabilité pénale», – résume le parquet de Berlin.

La forme de la plainte d’Ataeva contre C-1, dans son style et son principe, répète les plaintes portées contre Mutabar Tadjibayeva, défenseuse des droits de l’homme ouzbèke résidant en France.

Ataeva accuse également Tadjibayeva de diffamation et d’insulte, mais refuse de présenter au parquet français les textes complets des articles qui contiennent selon elle des calomnies et des insultes.

En novembre 2018, le parquet de Paris a rejeté la plainte d’Ataeva, déclarée comme infondé, et a confirmé l’impossibilité d’accuser une personne en s’appuyant sur quelques citations extraites du contexte général du propos.  

Mais Ataeva et son avocat français ont fait appel au tribunal dont l’examen débutera fin avril. Dans cette nouvelle plainte, il n’y a à nouveau que des citations disparates et aucun texte  intégral d’article. 

Galima Boukharbayeva, rédactrice en chef de C-1 affirme que le caractère fake et mensonger du film et du rapport d’Ataeva ne laisse plus aucun doute.

Récemment, le gouvernement d’Ouzbékistan a contribué à percer à jour son «héros» Oumidjon Abdounazarov en présentant au tribunal de Paris toute l’information concernant son activité d’enseignement à Kokand et en prouvant qu’il n’a jamais travaillé dans aucune institution médicale du pays, n’a jamais été arrêté et a quitté sans aucune entrave son pays en janvier 2008.

Selon les déclarations de Boukharbayeva, la stratégie d’Ataeva est claire: «Chaque ligne des articles de C-1 s’appuie sur des faits et preuves, c’est pour cette raison précisément que Nadejda ne peut transmettre dans aucun parquet, ni allemand, ni français, les textes complets de nos articles.» 

Mais pour Ataeva, les collègues des organisations internationales de défense des droits de l’homme et les médias qui la soutiennent, poursuit Galima, il faut une justification.  

«Ataeva explique à tout le monde que son affaire n’est pas encore close, que tout n’est pas encore perdu, une plainte est déposée, un appel aussi, et cet «entre soi médiatique et de défense des droits de l’homme» d’Ataeva continue sa vie», – affirme Boukharbayeva. 

La journaliste donne un exemple de la plainte présentée par Ataeva et son avocat contre l’article de C-1 «Nadejda Ataeva: celle qui a trainé dans la boue la défense des droits de l’homme d’Ouzbékistan».

Dans la plainte elle indique une phrase soi-disant diffamatoire à son égard: «a détourné ses fonds [de la société nationale «Ouzkhleboprodukt»]  et s’est enrichie à plus de 3,1 millions de dollars».

La phrase dans son intégralité est en fait un résumé du jugement du tribunal d’Ouzbékistan:

«Conformément aux documents du Tribunal municipal de Tachkent, en 2013, la famille d’Ataev – le père, le fils et la fille – a été jugée en leur absence et condamnée à 9 et 6 ans de prison ferme. Cette famille qui n’a eu accès que pendant trois ans à la direction d’«Ouzkhleboprodukt», a détourné ses fonds et s’est enrichie à plus de 3,1 millions de dollars»

Le père d’Ataeva, Alim Ataev a dirigé la société nationale «Ouzkhleboprodukt» de 1997 à 2000. A cette époque, Nadejda travaillait dans la société NZI, qui a obtenu le monopole dans la fourniture des sacs en polypropylène aux entreprises de meunerie du pays. 

En 2000, suite à l’ouverture du procès contre eux, la famille d’Ataev a quitté l’Ouzbékistan, où ils étaient accusés de création d’un groupe criminel au sein de « Ouzkhleboprodukt » avec l’objectif de détourner les fonds et le privatiser.

En se retrouvant dans la défense des droits de l’homme, Nadejda Ataeva bénéficie du soutien de nombreuses organisations: l’un de ses partenaires Human Rights Watch, par exemple, n’a pas renoncé au soutien à son égard même après la révélation du rapport falsifié sur Andijan.  

Mais d’après Galima Boukharbayeva, le soutien manifesté à Ataeva par ses «frères d’esprit», c’est un détail et c’est leur problème. 

«Le plus important c’est que les plaintes de Nadejda Ataeva, corrompue depuis le début de sa carrière en Ouzbékistan, sont rejetées par les structures de sécurité et les instances judiciaires européennes, ce qui prouve à nouveau qu’elle ne pourra jamais les duper», – a déclaré Boukharbayeva.  

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